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trait de côte - Page 5

  • Erosion : le littoral aquitain a reculé de 10 mètres en trois semaines

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    Le Signal, immeuble emblématique du recul du trait de côte en Aquitaine, Soulac-sur-Mer, le 3 février 2014. Photo "Sud Ouest" / Julien Lestage

    Selon un premier rapport de lObservatoire de la Côte Aquitaine, communiqué mardi 11 février, le trait de côte du littoral aquitain a reculé en de nombreux points de 10 mètres ou plus, à la suite des tempêtes et houles de fin décembre-début janvier.

    Du jamais vu sur le littoral

    « D’une manière générale, l’ensemble de la côte sableuse aquitaine a été fortement érodé » après les dépressions des 23-27 décembre et 3-7 janvier et des fortes houles sur la période, avec un « recul du trait de côte dépassant 10 m sur de nombreux sites », informe l’Observatoire, réseau d’experts lié à la Région. Entre le 14 décembre et le 8 janvier, une succession de dépressions dans l’Atlantique Nord a entraîné une houle très énergétique au large de l’Aquitaine, avec une hauteur de vagues atteignant au moins 4 m pour 60% du temps, « un phénomène qui ne s’est jamais produit » sur ce littoral, selon le rapport.

    Une houle d'une ampleur inédite

    Selon la base de données BOBWA hébergée par l'Observatoire, qui couvre les vagues dans le golfe de Gascogne sur 1958-2002, la proportion de vagues de plus de 4 m sur une telle période (26 jours) atteint occasionnellement 40%, ponctuellement 50% (3 fois en 44 ans), mais jamais plus de 55%, précise l’Observatoire. « Les plages se sont fortement abaissées et aplanies, limitant ainsi leur résistance aux assauts de l’océan. Cette fragilité est renforcée par la disparition temporaire des barres sableuses » de marnage, poursuit le rapport, qui a aussi relevé « des submersions marines de faible emprise ».

    recul trait de côte,littoral,aquitaine,observatoire de la côte,geo-transfert,brgm,onf,satellites,images,carte,soulac,signal,bilanLa Gironde la plus touchée

    C’est en Gironde que l’érosion marine a été la plus forte avec le creusement de hautes falaises sableuses, la destruction d’accès de plage et des ouvrages côtiers altérés (promenades, enrochements). Dans les Landes, le recul a atteint 10 m ponctuellement, aux abords de courants (petits fleuves). Au Porge (Gironde), la plage a disparu par endroit, laissant place à une véritable falaise (photo ci-contre). Ailleurs,  comme à Soulac-sur-Mer (Gironde), l’érosion « remet en cause l’existence d’immeubles », tel un club de surf, ou un immeuble de 78 appartements Le Signal, interdit d’habitation depuis fin janvier, et que le ministre de l’Environnement, Philippe Martin, a visité le 11 février.  Il a rappelé que l’Aquitaine pourrait bénéficier « de pratiquement 2 millions d’euros » de crédits exceptionnels débloqués par son ministère pour des travaux d’urgence sur son littoral.

    En attendant les images satellitaires

    Le rapport de l'Observatoire s’appuie sur des relevés effectués sur le terrain par le Bureau de Recherches Géologiques et Minières et l’Office national des Forêts sur la quasi-totalité du littoral aquitain, soit 270 km. L'IGN et les scientifiques océanographes et géologues, comme l'équipe bordelaise de Geo-Transfert, attendent des images satellitaires qui leur permettront d'établir des cartes plus fines.

    Cathy Lafon avec AFP

    PLUS D'INFO

    • Le rapport de l'Observatoire de la côte Aquitaine: cliquer ICI

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  • Il y a le feu à la banquise : le scénario du réchauffement climatique pour l'Europe

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    Fonte de la banquise et ses conséquences pour la planète : les scientifiques poussent un cri d'alarme alors que la 17e Conférence des Nations Unies sur le climat s'ouvre ce lundi à Durban (Afrique du Sud). L'Europe sera très touchée...

    Dans un contexte tendu, après l'échec de la conférence sur le climat de Copenhague (novembre 2009) et le bilan insatisfaisant de celle de Cancun en 2010,  retour sur le cri d'alarme lancé en septembre dernier par les océanographes et glaciologues, concernant la fonte estivale de la banquise et ses conséquences pour la planète.

    1) Pas de vacances pour le changement climatique en 2011...

    S’il a fait froid et beaucoup plu en juillet en France, bien plus haut dans le Grand Nord, la fonte estivale de la banquise arctique a battu cet été des records qui n’étaient attendus que dans 30 ans, selon les projections du dernier rapport du Groupe intergouvernemental d'experts sur l'évolution du climat (Giec), en 2007. Océanographes et glaciologues  le confirment  dans deux nouvelles études publiées en septembre par l'université de Brême (Allemagne) et le Centre national d'étude de la neige et de la glace (NSIDC) [site en anglais ] : la glace de mer de l’hémisphère nord , à la fin de l’été, est désormais au plus proche de son minimum annuel et ne s’étend plus que sur environ 4,3 millions de Km.

    2) La situation en 2016 : un été arctique sans glace ?

    Ce spectaculaire retrait a déjà atteint il y a quatre ans, en 2007, où, pour les glaciologues, l’Arctique est entré dans un nouveau régime climatique, et probablement la planète avec lui : sur les 32 années de collecte de données satellitaires, les cinq records de fonte ont eu lieu ces cinq dernières années. L’été 2011 remet une nouvelle fois les pendules de la planète à l’heure : si la tendance actuelle se poursuit, c’est désormais dans environ cinq ans, dès 2016 (entre 2013 et 2019), que l’océan Arctique pourrait être libre de glace à la fin de l’été. D’autres experts, moins pessimistes, tablent sur un été sans glace entre 2020 et 2050. Bien sûr, la banquise devrait toujours se reformer en hiver, mais sa disparition en été aura pour corollaires l’accroissement du réchauffement des eaux de l’océan arctique et la fonte des glaciers du Groenland, deux paramètres de l’élévation du niveau marin, et du renforcement du changement climatique global en cours.

    3) Ce qui va se passer en Europe

    • Une érosion de 15 % des côtes européennes ces 25 dernières années.

      Selon le Journal de l’environnement, un troisième rapport, qui vient d’être rendu par le programme européen CLAMER (Climate Change and European Marine Ecosystem Research), montre à son tour que la fonte des glaces arctiques a provoqué des changements sans précédents et beaucoup plus rapides qu’attendu, sur les mers et océans de l’Europe, depuis 1986. Les experts des 17 instituts océanographiques de 10 pays européens, réunis à Bruxelles le 15 septembre dernier, ont ainsi établi que la combinaison de la hausse du niveau de la mer et de vents plus puissants a contribué à l'érosion de 15% des côtes européennes. Phénomène douloureusement observé sur le littoral atlantique de notre région, avec le recul du trait de côte que Sud Ouest suit à la loupe depuis plusieurs années.

    • Gros coup de chaud en vue pour les mers d’Europe.

    Sur cette même période, les eaux des mers européennes se sont réchauffé environ dix fois plus vite que le taux moyen observé pour le XXe siècle, et ce, à mesure de la fonte de la glace de l’Arctique. En Europe, la hausse des températures à la surface des eaux a été trois à six fois plus forte que la moyenne mondiale. Quant aux modélisations du CLAMER, elles excèdent là aussi largement le rapport du GIEC de 2007 : pour le réchauffement des océans, les dernières simulations suggèrent qu’un réchauffement de 1,5 °C à 5° c est attendu dans le golfe de Gascogne à la fin du XXIème siècle. Enfin, si la hausse du niveau de la mer reste très difficile à prévoir, elle est aussi revue à la hausse : elle pourrait atteindre 0,6 m à 1,9 m le long de certaines côtes européennes en 2100.

     

    • La balle est dans le camp de la communauté internationale.

    Décidément, comme en 2010, l’actualité 2011 du changement climatique pulvérise littéralement les projections émises par le GIEC en 2007. Très attendu par la communauté scientifique, le prochain rapport du GIEC, dont la publication est prévue pour 2014, est déjà sur le feu. D’ici là, tous les voyants rouges du climat ne devraient pas cesser de clignoter furieusement. Le temps semble s’accélérer et, selon les scientifiques, c’est après-demain, sinon demain, que notre système climatique pourrait connaître des bouleversements majeurs, accompagnés d’une hausse importante du niveau marin. La communauté internationale va-t-elle rompre  à Durban avec l’attitude de renoncement qu’elle semble avoir adoptée pour la question climatique depuis l’échec de Copenhague ? C’est à souhaiter. Les  scientifiques ne  cachent plus leur inquiétude  : oui,  il y a bien le feu à la banquise.

    Cathy Lafon